Dans cet article, vous découvrirez que vous cachez un deuxième cerveau… au fond de vos entrailles! Vous apprendrez quelles sont ses fonctions et ce qui se passe quand il est malade. Vous verrez aussi comment bien l’entretenir.

Avoir l’estomac noué, manger ses émotions, avoir la peur au ventre. Est-ce vraiment un hasard si toutes ces expressions relient les émotions à la panse? D’ailleurs, serait-ce aussi une coïncidence que le mot « panse » soit utilisé pour parler du ventre? Hum! Je ne « pense » pas! 😉

Lorsque les scientifiques ont découvert un réseau de 100 millions de neurones entourant le système digestif, ils sont restés bouche bée. C’est autant de neurones qui constituent la moelle épinière; le cerveau en compte 100 milliards. Mais quand ces chercheurs ont compris que ce système neuronal était en bonne partie indépendant du grand manitou – le cerveau –, ils sont tombés sur le dos! Eux qui avaient la certitude absolue que le cerveau était le seul maître à bord, qu’il contrôlait tout le corps. Et vlan!

Le copilote du cerveau

Cet ensemble de cellules nerveuses a été baptisé système nerveux entérique (SNE). La communauté scientifique le qualifie de 2e cerveau. D’ailleurs, les neurones des 2 cerveaux ont même une origine embryonnaire commune. Le SNE est toutefois anatomiquement plus diffus que son grand frère. Plutôt que de former un organe regroupé, il est entortillé autour des intestins, telle une ficelle.

Dans son livre The Second Brain, le neuro-gastro-entérologue Michael Gershon explique si le SNE dépendait à 100 % du cerveau, il faudrait bien plus de cellules nerveuses qui les connectent l’un à l’autre pour échanger toute l’information.

Toujours selon le Dr Gherson, le SNE n’est donc pas un esclave du cerveau, mais son copilote, doté d’un esprit libre. Il avance que le SNE, grâce à toute l’information qu’il collecte par ses propres cellules nerveuses, peut choisir de faire une action sans l’aval du cerveau. Il pourrait même aller à l’encontre d’une commande cérébrale. Le SNE envoie plus d’informations au cerveau qu’il n’en reçoit.

Ce deuxième cerveau vous sert à quoi au juste?

  • Le SNE contrôle l’ensemble des fonctions digestives : péristaltisme ou transit intestinal, circulation sanguine du tube digestif, activité des muqueuses, étanchéité de la barrière intestinale, etc.
  • Le SNE est en lien étroit avec le système immunitaire : de 70 à 80 % des cellules immunitaires sont concentrées dans le système digestif.
  • Le SNE aurait une influence sur les émotions : les cellules nerveuses entériques ont une relation étroite avec la sérotonine, cette même hormone qui joue un rôle crucial dans l’humeur. D’ailleurs, un grand nombre de personnes souffrant d’un syndrome du côlon irritable sont aussi affectées par l’anxiété et l’angoisse.

Le microbiote : essentiel au SNE

Le SNE reconnaît les bonnes et les mauvaises bactéries qui colonisent l’intestin. Ses actions dépendront donc du contenu bactérien intestinal, que l’on nomme microbiote. La présence de mauvaises bactéries pourrait amener le SNE à sécréter des substances pro-inflammatoires et même des anxiogènes (substance qui favorise l’anxiété), par exemple.

Les plus récentes recherches nous apprennent que le rôle du microbiote (qui représente environ 100 000 milliards de bactéries) va bien au-delà de la santé digestive. Grâce, entre autres, à sa relation avec le SNE, le microbiote augmente l’immunité, contrôle l’inflammation, améliore les fonctions cérébrales, améliore l’équilibre hormonal et a un impact sur la santé du cerveau et du système nerveux.

De plus, le microbiote permet la synthèse de certaines vitamines essentielles (dont la vitamine B12, la vitamine K et l’acide folique). En décomposant les fibres que vous êtes incapables de digérer, les bactéries bénéfiques produisent des molécules d’acides gras à courtes chaînes, qui nourrissent les cellules du côlon. Les bonnes bactéries sont de vrais petits soldats : elles surveillent la barrière intestinale (qui doit laisser passer les nutriments, mais pas les agents pathogènes et toxiques) et se battent contre les mauvaises bactéries pour les ressources.

Certaines maladies pourraient être associées à un débalancement du microbiote.

  • Maladies auto-immunes (arthrite, côlon irritable, colite ulcéreuse, thyroïdite d’Hashimoto)
  • Désordres cognitifs et cérébraux (Alzheimer, Parkinson, démence…)
  • Cancer
  • Obésité
  • Fatigue, douleurs articulaires
  • Troubles de l’humeur (dépression, anxiété)
  • Troubles d’apprentissage (TDAH, autisme)
  • Infertilité, complications de grossesse
  • Allergies, asthme, hypersensibilité
  • Troubles de la peau (eczéma, psoriasis…)
  • Diabète de type 2

Il a été démontré que les patients atteints de maladies liées au cerveau ont un microbiote altéré (dysbiose) et souffrent généralement de symptômes gastro-intestinaux. Cette avenue de recherche est très prometteuse pour la découverte de nouveaux traitements.

Ces données scientifiques soutiennent ce que la chiropratique affirme depuis toujours : le bon fonctionnement du système nerveux couplé à de saines habitudes de vie est au cœur même de la santé optimale.

Ne manquez pas la deuxième partie de ce blogue : 9 trucs pour nourrir vos bonnes bactéries

 

Références :
FORSYTHE et coll., Microbial endocrinology: The microbiota-gut-brain axis in health and disease. Advances in experimental medicine and biology, 2014.
Gutmicrobiotaforhealth.com
Guide clinique des probiotiques, Canada, 2016.
SIMONETTO, Isabelle. Le système nerveux entérique ou deuxième cerveau, 2011.
GHERSON, Michael. The Second Brain: A Grounbreaking New Understanding of Nervous Disorders of the Stomach and Intestine, HarperCollins Publishers, 1999.
CAMPBELL, Katrina. The Well-Fed Microbiome Cookbook, Rockridge Press, 2016.