Ne trouvez-vous pas choquant d’apprendre que l’industrie du sucre a payé des scientifiques de Harvard dans les années 60 pour qu’ils taisent les preuves du lien de causalité entre le sucre et les maladies cardiovasculaires et pour qu’ils accusent les gras saturés à la place?

Si l’industrie a été en mesure d’offrir de tels pots de vin, il n’est pas très surprenant d’apprendre qu’elle prend tous les moyens pour cacher son précieux or blanc dans les aliments et produits transformés de manière à ce que nous les consommions sans même nous en rendre compte.

Mais maintenant que vous êtes au courant, vous avez peut-être envie de connaître la quantité réelle de sucre qu’ingèrent les membres de votre famille chaque jour?

Pour le savoir, vous devrez jouer à « Cherche et trouve », un jeu auquel le sucre a été consacré grand champion.

Voici comment vous pouvez le reconnaître et l’éviter.

Lire le tableau de valeur nutritive

D’ici 2022, l’industrie alimentaire devra se conformer à une nouvelle norme canadienne d’étiquetage qui aidera les Canadiens à mieux repérer les aliments à haute teneur en sucre.

Source : Gouvernement du Canada

D’ici là, il est possible de traquer l’ennemi en lisant efficacement les étiquettes actuelles.

A. Vérifiez d’abord la portion. Que représente vraiment une portion ? L’industrie joue souvent sur ce chiffre pour faire réduire la quantité de sucre « apparente ».

B. Regardez ensuite la ligne « sucre » de la catégorie glucide. Il est recommandé pour un adulte de consommer un maximum de 50g de sucre par jour. La moyenne des Canadiens en consomme le double.

Jusqu’à 5g, on peut considérer la quantité faible, entre 5g et 10g, la quantité est modérée, entre 10g et 15g la quantité est élevée alors qu’en haut de 15g, la quantité est très élevée.

Bien sûr, on prend en compte l’aliment en question, il est décevant de consommer 10g de sucre ajouté dans une poignée de craquelins salés ou une vinaigrette alors qu’on peut s’attendre à une telle quantité dans un biscuit dessert.

C. La liste des ingrédients devrait être lue pour chacun des produits que vous consommez. L’ordre de la liste est proportionnel à la quantité de chacun des ingrédients retrouvés dans le produit. L’alarme devrait sonner dès que le premier ou le deuxième ingrédient est un type de sucre. Le défi réside principalement ici d’ailleurs puisque le sucre se cache sous plusieurs noms.

Reconnaître le sucre ajouté sur les emballages est un défi de taille. Pour démasquer l’ennemi, pas d’autre choix que d’apprendre les différents noms qu’il porte : dextrose, glucose, fructose, saccharose, lactose (et autres -ose), dextrine, maltodextrine, amidon, etc.
L’industrie utilise différents sirops pour édulcorer ses produits : sirop de riz, d’agave, d’érable, de malt, de maïs, etc. L’utilisation de jus concentré (de fruits ou de canne), de miel, de cassonade et de mélasse est aussi très fréquente.
Le sucre est partout : céréales déjeuner, ketchup, yogourts, sorbets, barres tendres, cafés et desserts glacés, mets préparés (poulet général tao, curry, soupe, chili, etc.), sauces, pain, pâtisseries, vinaigrettes, marinades et plus encore (même dans le sel!).
Attention aux mentions « santé », « sans sucres ajoutés », « naturel », « minceur », « diète », « faible en calories » et même « biologique », qui ne veut pas dire sans sucre. Ouvrez l’œil!

Comment se débarrasser du sucre?

C’est bien beau de savoir trouver le sucre dans les produits transformés et les aliments, encore faut-il remplacer ces dits-produits par des alternatives plus saines. Voici quelques astuces pour vous aider à éliminer le sucre ajouté de votre alimentation.

A. Cuisiner ses produits maison. Une étude ontarienne a rapporté que 99 % des barres tendres, 79 % des jus, 74 % des yogourts et 48 % des préparations pour nourrissons et aliments pour bébé contenaient du sucre ajouté (entre 3 et 10 cuillères à thé par portion). Aussi bien dire une montagne ; rappelons que l’Organisation mondiale de la santé recommande un maximum de 12 cuillères à thé (50g) de sucre par jour pour un adulte moyen.

Faire soi-même les barres tendres et les purées pour bébé permet de mieux contrôler la quantité de sucre et de privilégier une version plus naturelle comme les dattes en purée par exemple.

Choisissez les yogourts nature et ajoutez-y vous-même du sucre naturel comme du miel et des fruits; mesurez la quantité. Fabriquez vos boissons de noix en broyant des amandes et de l’eau et en filtrant la mixture dans un sac végétal. Vous éviterez ainsi de nombreux additifs et surtout beaucoup de sucre ajouté. Pourquoi ne pas opter pour une version maison de votre chocolat chaud ou limonade?

B. Surprendre ses papilles. Remplacez le sucre dans vos plats et desserts par des saveurs fortes ou épicées comme la cannelle, la vanille, le cacao, la muscade ou la réglisse (la plante, pas le bonbon!). Consultez cet article sur la façon d’utiliser les épices en cuisine.

C. Plus de protéines et d’acides gras essentiels. Pour diminuer les rages de sucre et combattre la dépendance, consommez davantage de protéines (légumineuses, volaille), de bons gras (poissons, huiles végétales), de fibres (légumes, quinoa) et de probiotiques (kéfir, kombucha, yogourt, choucroute).

Les fibres et les probiotiques aident à réduire la présence dans le corps du champignon Candida albicans, à l’origine de nombreuses de ces rages.

D. Non aux édulcorants. Ne soyez pas tenté de vous tourner vers les édulcorants sans calories comme l’aspartame, le sucralose et même le stévia.

Les données scientifiques entourant la sécurité de ces édulcorants sont mitigées. Même que certains édulcorants pourraient induire le cerveau en erreur et perturber les mécanismes de gestion du sucre (glycémie, insuline). Les boissons gazeuses diètes n’apportent aucun nutriment et les risques sont encore mal connus.

La modération a bien meilleur goût!

Bannir totalement le sucre de son alimentation n’est pas une option qui fait consensus dans le monde scientifique, bien au contraire. Les diètes cétogènes (sans sucre), quoique populaires, peuvent comporter des risques et doivent être supervisées par un professionnel de la santé.

L’important, c’est d’être en mesure de cibler le sucre dans les produits afin d’en éviter la surconsommation et ainsi privilégier les sucres naturels en provenance des fruits (avec leurs fibres), par exemple.

 

Références :

Ochoa M, Lallès J-P, Malbert C-H, Val-Laillet D, « Dietary sugars: their detection by the gut–brain axis and their peripheral and central effects in health and diseases », European Journal of Nutrition. 2015; vol. 54, p.1-24.

Barclay A et coll., « Glycemic index, glycemic load, and chronic disease risk, a meta-analysis of observational studies », American Journal of Clinical Nutrition, mars 2008, vol. 87, no 3, p. 627-637.

http://www.extenso.org/article/le-sucre-ce-nouveau-poison/

http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/764696/edulcorants-etudes-controverse-suzanne-swithers-sante

https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/article-abstract/2548255

https://www.nytimes.com/2016/09/13/well/eat/how-the-sugar-industry-shifted-blame-to-fat.html